Projet de territoire

LES VILLES ET LES TERRITOIRES ONT L’HISTOIRE DE LEURS PROJETS

Le projet de territoire s’inscrit dans la poursuite des efforts déjà engagés et veut ouvrir une nouvelle page

Les villes et les territoires ont l’histoire de leurs projets : ce qui les constitue aujourd’hui et fonde leur identité, prestigieuse ou plus modeste, résulte d’abord de la longue accumulation des projets structurants des époques successives. Ceux de Bourges et de son territoire s’appellent le Marais de l’Yèvre, patiemment aménagé depuis le VIIe siècle, l’Abbatiale St-Martin De Plaimpied-Givaudins, du XIe-XIIe siècle, la Cathédrale St-Etienne de Bourges, dont la construction a duré plus de 300 ans à partir de 1195, le château royal de Mehun-sur-Yèvre (1376-1416), le Palais Jacques Cœur (1443-1453), le Canal de Berry (1808-1840), la Fonderie impériale de canons de 1860, d’où résultent les actuelles industries de défense, la Maison de la culture d’avant puis d’après-guerre, l’arrivée de Michelin à Saint-Doulchard dans les années 1950 et ses 4 000 emplois, le Lac d’Auron mis en eau en 1977, le Printemps de Bourges lancé la même année, et tant d’autres lieux urbains et non urbains ou rendez-vous emblématiques, qui tous sont nés par des projets.

Depuis 2002 Bourges et son territoire ont décidé de ne faire qu’un au sein d’une communauté de destin, une communauté qui assemble aujourd’hui 17 communes. L’histoire des projets de la ville et de son territoire s’est poursuivie dans ce cadre. Un premier projet de territoire, en 2006, puis un deuxième, en 2013, sont venus exprimer la visée globale des projets locaux. On leur doit notamment le technopôle de Lahitolle, le centre de La Chancellerie à Bourges Nord, ou le lancement du Plan Vélo intercommunal.

Huit ans après, voici un nouveau projet de territoire et de nouveaux projets pour y contribuer, continuer l’histoire, et ce qu’elle exprime de volontés locales. Trois raisons à cela, qui font l’ossature du projet.

La première est dans le nom même de la communauté d’agglomération qui aura bientôt 20 ans. En l’appelant « Bourges Plus », les fondateurs ont posé une question qui n’a pas fini de trouver sa réponse : que veut-on obtenir de plus, que veut-on augmenter, quelle valeur ajoutée vise- t-on, lorsque l’on décide que 17 communes, la ville de Bourges et son territoire, constitueront désormais une communauté de projet ? Partout en France, cette question est posée aux intercommunalités. Chacun y répond à son rythme. Quand on décide de s’appeler « Bourges Plus », c’est qu’on ne veut pas se contenter d’une coexistence tranquille des projets communaux, avec l’intercommunalité à leur service, mais qu’on veut aller chercher une augmentation des capacités collectives, grâce à la communauté de projet. La première raison du présent projet est donc de continuer à répondre à la question initiale : « Bourges Plus » mais plus de quoi ?

La deuxième raison est dans les défis du temps. Une bifurcation s’impose partout vers de nouveaux modèles de développement, de progrès, de production des richesses, de société, où le « toujours plus » doit laisser place au « toujours mieux ». Ce n’est pas une clause de style, et il ne s’agit pas d’opposer le plus et le mieux. Il s’agit d’être à la hauteur de questions qu’on ne se posait pas, ou pas suffisamment encore il y a 10 ou 20 ans, alors que les défis étaient déjà là. Le réchauffement climatique les résume tous. Il s’accompagne d’un effondrement accéléré de la biodiversité et d’une tension sans précédent sur les ressources vitales, à commencer par l’eau. Bourges et son territoire n’échappent pas à ces défis et aux questions qu’ils posent, en particulier sur le sujet de l’eau. Que faut-il faire mieux pour y répondre ? C’est la deuxième raison pour ré-ouvrir l’exigence du projet.

La troisième en découle. Vouloir faire plus et mieux implique de s’interroger sur les façons de faire. Des bons projets, Bourges Plus en a déjà imaginé par le passé : tous n’ont pas abouti, malgré les intentions. L’ambition sur les projets doit s’accompagner d’une ambition sur les moyens et les modalités pour les réaliser, faute de quoi le projet de territoire n’est qu’incantatoire. Passer concrètement du projet-programme à la mise en œuvre, donc au projet en actes, appelle à se questionner sur les façons de faire autrement, pour que les porteurs de projets puissent les conduire jusqu’au bout. Au « plus » et au « mieux » s’ajoutera donc un « autrement », qui porte moins sur le contenu programmatique du projet que sur les modalités de sa mise en œuvre effective.

Le projet de territoire est le projet de tout le territoire, pas seulement celui de la communauté d’agglomération

Par ce projet, la communauté d’agglomération de Bourges Plus s’adresse à tous celles et ceux qui voient dans leur territoire un bien commun, et veulent contribuer à y produire les conditions de leur épanouissement individuel et collectif. Le sens de l’intérêt général et de la solidarité, l’attention portée à chacun comme au projet collectif, le goût pour l’innovation, l’ouverture et le partenariat dans l’action collective : telles sont les fondations de cette adresse, ses valeurs premières.

L’intercommunalité affiche ici l’ambition et le sens de ses politiques publiques, mais le projet de territoire va au-delà. Ecrire une nouvelle page de l’histoire du territoire ne se décrète pas : le pro- jet de territoire n’a, en réalité, de portée que s’il entraîne au-delà des responsables publics qu’il engage.

Au-delà de l’établissement public de coopération intercommunale, ses élus et ses services, c’est l’ensemble des collectivités locales, des communes à la Région en passant par le Département, mais aussi l’ensemble des institutions et administrations publiques, qui sont à rassembler autour des sujets qui suivent.

Et au-delà de cet ensemble d’acteurs publics, ce sont tous les autres acteurs du territoire, individuels et collectifs, modestes et puissants, dans tous les domaines, à l’égard desquels ce projet ambitionne d’être un boussole commune. Cela ne va pas de soi. Les intérêts locaux sont multiples, souvent contradictoires, parfois résolument opposés. Les idéaux ne sont pas spontanément communs. Il faut proposer, débattre, convaincre : c’est cela aussi un projet de territoire, un processus démocratique au cours duquel se dessine et se décide le projet commun. Le projet de territoire est, en soi, une politique : celle qui consiste à rassembler des volontés et à leur proposer d’aller sur un chemin commun, de sorte que l’avenir relève aussi des choix et du courage de celles et ceux qui auront à le vivre.

A quel horizon ? Celui du mandat en cours, puisqu’il s’agit d’être concret et de passer aux actes, mais au-delà aussi. L’ambition du projet invite à regarder loin comme à regarder large. Vingt ans d’expérience communautaire en bagage, pour ouvrir le « regard avant » vers les vingt ans à venir : sans prétention aucune à l’exhaustivité, car la vie est aussi faite d’événements imprévus et d’apportunités, telle est l’amplitude temporelle que se donne le présent projet.